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Le Sénat tente de « modérer » le choc budgétaire de Michel Barnier

Un plan de rigueur marqué par de fortes taxes sur les grands groupes et les foyers les plus aisés, mais prévoyant aussi une journée de travail supplémentaire pour les salariés, une hausse plus limitée qu’attendu des cotisations patronales, et moins d’efforts pour les collectivités locales… Voici à quoi pourrait ressembler le budget pour 2025. Du moins si, comme c’est probable, le texte final se rapproche de la version gouvernementale telle que le Sénat a commencé à l’amender, mercredi 13 novembre.
Après deux années de dérapage du déficit, ce budget sera « celui qui signe enfin la fin du “quoi qu’il en coûte” » et amorce un « redressement massif et inédit » des comptes, promet déjà le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson, élu Les Républicains (LR) de Meurthe-et-Moselle.
Oubliez les taxes créées ces dernières semaines à l’Assemblée par dizaines de milliards d’euros, les dépenses revues à la hausse, de même que la suppression du financement de l’Union européenne par la France. Cette première version du projet, avec des amendements adoptés au coup par coup grâce à la gauche, et parfois à l’extrême droite, a été emportée par le vote global négatif de l’Assemblée nationale, le 12 novembre, sur la première partie, concernant les recettes. Poubelle. Une première sous la Ve République.
Mercredi, les sénateurs réunis en commission des finances sont donc repartis du projet initial de budget de l’Etat, tandis que leurs collègues spécialistes des affaires sociales travaillaient sur son pendant côté Sécurité sociale. D’intenses échanges doivent avoir lieu avec le gouvernement pendant un mois. Et c’est à partir de la version qui sortira du Sénat, en décembre, qu’un compromis devra être trouvé en commission mixte paritaire avec les députés, avant d’être soumis à l’Assemblée, sans doute en utilisant l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption sans vote.
Pour une fois, « c’est donc ici que les budgets vont s’écrire », constatent les sénateurs. Les uns ravis de ce rôle-clé que leur offre l’absence de toute majorité à l’Assemblée. Les autres, plus critiques : « C’est une inversion de ce qui est prévu dans notre démocratie, regrette le socialiste Claude Raynal, président de la commission des finances. Espérons que cela ne se reproduira pas. »
La majorité sénatoriale de droite soutenant le nouveau gouvernement, le budget 2025 tel qu’il se dessine devrait, dans ses grandes lignes, rester proche de l’épure présentée, début octobre, par Michel Barnier. Pas question de modifier l’objectif central, consistant à ramener le déficit de 6,1 % du produit intérieur brut (PIB), attendu en 2024, à 5 % en 2025. Un chiffre totem que l’exécutif maintient vaille que vaille, même si peu d’experts croient possible une telle décrue : « La marche est probablement trop haute », ont encore jugé, mercredi, les analystes de Natixis, qui tablent sur 5,4 %.
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